• Sans nom 4

    Chapitre 4

     

     

    -          Bon alors, qu’est-ce que t’as ?

    Mes mies étaient toutes autour de moi et attendaient impatiemment que je leur raconte ce qui n’allait pas. La plus impatiente de toutes étaient bien sûr Emeline et c’est pour cela qu’elle me posait cette question.

    -          Bien, je vais devoir expliquer à certaine d’entre vous ce qui se passe chez moi avant de pouvoir vous dire ce qui ne va pas… Voilà, depuis déjà… Euh… Trois ans bientôt, à la fin de l’année, mon beau-père me…

    -          Te, répéta l’une de mes amies nommée Pauline.

    -          Il met sa main dans ma culotte, il me montre son zizi et il veut aussi que je le touche… Bref, il me fait des choses horribles, mais je n’ai pas le droit d’en parler, donc je compte sur vous pour garder le secret.

    -          Bien sûr, répondirent-elles en chœur.

    -          Tout ça Emeline le savait depuis longtemps, car comme vous n’êtes pas là à la garderie du matin, c’est à ce moment qu’on en parle… Mais pendant les vacances, un truc plus horrible encore m’ait tombé dessus…

    -          Chiara, pour la dernière fois, dis-nous ce qu’il se passe !

    -          J’étais chez ma cousine, Cléa et je lui ai dit que ça faisait un bon bout de temps que je n’avais pas eu mes règles. Ma cousine qui savait tout ce que mon beau-père faisait et elle m’a tout de suite annoncé qu’il était fort probable que je sois enceinte.

    -          Oh mon Dieu !

    -          Attendez, les filles, ce n’est pas fini… On est allé dans une pharmacie et avec notre argent de poche on a acheté deux tests de grossesse… Il en faut deux pour être sûr du résultat… Le premier était positif, mais il pouvait se tromper, donc j’ai essayé le deuxième…

    -          Et alors ?

    -          Positif…

    -          Oh…

    Il y eut un grand silence, plus personne n’osait parler. Plus personne ne savait quoi dire. Mais si, l’une de mes amies Déborah eut le courage de rompre le silence et me demanda :

    -          Mais alors, c’est l’enfant de ton beau-père ?

    -          Oui.

    -          Et tu ne peux pas l’enlever de ton ventre ?

    -          Normalement si, ça s’appelle l’avortement, mais il y a un délai pour pouvoir l’enlever et je ne suis pas sûr de pouvoir le faire au stade où j’en suis…

    Encore une fois le silence s’abattit sur nous. Je regardais mes amies tour à tour… Pauline contemplait le sol avec une attention toute nouvelle, Déborah évitait mon regard et cherchait comment faire, elle qui était en famille d’accueil savait ce que signifiait l’absence de parents… Elisa entortillait une boucle autour de son doigt et Emeline… Elle me sourit d’un air espiègle et soudainement se jeta dans mes bras en hurlant :

    -          Mais c’est génial ! Tu vas avoir un bébé, putain ! Un bébé !!!

    -          Mouai… Mais un bébé de…

    -          Mais un bébé tout de même ! C’est génial !

    Mes copines se jetèrent une à une sur moi, en rigolant. Elles étaient vraiment contentes pour moi. Elles ne m’avaient pas trouvé de solution, mais elle me convainquait que garder cet enfant était encore l’idéal dans ma situation. C’était comme un cadeau ou non une récompense pour avoir survécut à cette épreuve que ma vie m’avait fait subir. Me décontractant légèrement je rigolais avec elles. Oui, un bébé, n’est-ce pas merveilleux ?

    -          Il va falloir le dire à toute la classe, parce que ça va commencer à se voir, me dit Déborah.

    -          Et puis il faudra aussi le dire à tes parents et au directeur, continua Pauline.

    -          Tu es enceinte de combien, me demanda Elisa.

    Je les regardais toutes, ahurie. Autant de questions, mais surtout autant de précipitation. Pourquoi Diable devrais-je le dire à toute la classe, c’est ma vie, ce serait la honte si tout le monde savait ce qui m’était arrivé. Et pour mes parents ça oui, il allait falloir le dire, mais j’avais encore le temps, on n’était pas pressés.

    -          Ben pour la classe, elle n’est pas obligée de savoir et puis même si ça se voit, c’est ma vie… Pour mes parents oui, je vais devoir leur dire mais bon pas maintenant je ne suis pas pressée et pour le directeur aussi faut que je lui dise parce que je ne vais plus pouvoir faire du sport. Plus longtemps…

    -          Mais t’es enceinte de combien ?

    -          Ah, de cinq mois je crois…

    -          De toute manière Chiara, si tu dis à Monsieur Legrand que tu ne peux plus faire sport parce que tu es enceinte, il le dira forcément à tes parents… Sinon il faut que tu le dises à tes parents pour qu’ils te fassent un mot pour le directeur… Donc de toute manière, t’es foutue…

    Je hochais la tête. Oui, elle n’avait pas tort, j’étais dans le pétrin, mais alors bien profond… Ma mère allait me tuer quand elle saurait, mon beau-père aussi, car je serais obligée d’en parler et Monsieur Legrand aurait honte de moi… La sonnerie retentie, il était l’heure de retourner en classe. Pendant deux heures, encore… Ou du moins une heure et demie… Car après c’était la cantine. Je suivais mes amies en cours, avec beaucoup moins d’entrain qu’elles. Elles étaient donc si immatures pour ne pas voir l’horreur de ma situation ? Comme à son habitude, Monsieur Legrand nous fit entrer en nous adressant un grand sourire. J’évitais son regard, déjà honteuse, comme prise en faute pour quelque chose que je n’ai pas fait. Il s’en rendit compte et son sourire disparu un instant de son visage. Heureusement, il ne me posa aucune question. Peut-être s’est-il dit que je m’étais chamaillée avec les filles. Je m’affaissais sur ma chaise et regardais d’un air absent le tableau.

    -          Nous allons maintenant faire des maths, les enfants ! On commence par le calcul mental. J’espère que vous avez tous appris vos tables de multiplications ?

    Oh non, le calcul mental ! Je n’aimais pas du tout les maths, mais le calcul mental c’était carrément ma bête noire ! Je priais intérieurement pour ne pas être désignée en première. La veille, je n’avais pas fait mes devoirs vu que j’étais malade. Normalement, je m’asseyais à la table du salon avec ma mère pour faire mes devoirs, elle, elle me surveillait, elle vérifiait et approuvait.

    Un élève fut désigné et je poussais un soupir discret, peut-être qu’étant bonne élève, le directeur ne m’interrogerais pas croyant que je connaissais ma leçon. L’élève désigné ne sut pas répondre aux questions du directeur et je le maudis intérieurement. Si jamais j’étais interrogée après lui, je ne saurais pas répondre. Monsieur Legrand demanda à l’élève de se rasseoir. Il regarda toute la classe et son regard se posa sur moi. Il me sourit d’un air malicieux et déclara :

    -          Chiara, c’est à toi. Tu as appris ta leçon n’est-ce pas ?

    -          Non, monsieur… Hier j’étais malade et je n’ai pas pu faire mes devoirs.

    -          Mais qu’avais-tu donc hier comme maladie pour qu’elle s’évapore en un jour ?

    -          J’ai fait un malaise, répondis-je en rougissant et en baissant la tête. Je me suis évanouie et j’ai passé le reste de la soirée au lit…

    Le professeur me regarda d’un air surpris et un peu inquiet. Mon air préoccupé de tout à l’heure et ma confession avaient du l’alerter.

    -          Très bien, je ne vais donc pas t’interroger sur les tables de multiplications, mais sur les additions et les soustractions. Je ne te noterais pas aujourd’hui vu les circonstances, mais demain tu devras connaître tes tables de multiplications. Il se peut que je te réinterroge…

    -          Oui, Monsieur…

    Je fis de mon mieux pour répondre à toutes les additions et à toutes les soustractions, et apparemment cela suffit à faire son bonheur. Je pus me rasseoir et il interrogea un autre élève, sur les tables de multiplication cette fois.

    L’heure se déroula assez lentement. Après les tables de multiplication, il nous donna à tous une feuille avec différents problèmes mathématiques à résoudre. Pour la majeure partie, la solution on la  trouvait à l’aide des tables de multiplications. Les deux premiers je pus les faire assez facilement, il fallait connaître les tables de deux, trois et quatre. Mais les autres j’en fus incapable. Une de mes amies qui étaient en face de moi m’expliqua en langage des signes que la table de cinq faisait comme l’horloge. Quand la grande aiguille est sur le un, il est cinq donc 1x5=5, quand la grande aiguille est sur le deux, il est dix donc 2x5=10… Grâce à elle je résolus en très peu de temps le troisième problème, mais il en restait deux et je ne pouvais pas les faire, il fallait connaître sa table de six, sept et huit.

    Monsieur Legrand qui passait de temps en temps dans les rangs pour voir où nous en étions et si nous avions besoin d’aide, vint voir ce que j’avais fourni. Quand il vit que je ne pouvais plus rien faire, parce que je n’avais pas appris mes tables de multiplication, il chuchota à mon intention :

    -          Reste à la fin de l’heure, j’aimerais te parler…

    -          Mais Monsieur, il y a la cantine, et vous savez qu’après c’est dur pour entrer dedans si on est en retard.

    -          Tu ne seras pas en retard à la cantine, tu sais bien qu’il y a toujours une file d’attente énorme. Et puis même si tu arrivais en retard, il te laisserait entrer car je leur téléphonerais pour leur dire que tu étais avec moi.

    J’acquiesçais et senti immédiatement une boule de stress se former dans mon ventre. Que me voulait-il ? Et s’il voulait savoir quelle était la cause de mon comportement plus qu’étrange, je ne pense pas que je pourrais lui dire, mais je ne pourrais pas non plus le dire à ma mère… Je n’avais pas cette force là.

    La sonnerie retentie et je faisais semblant de trainasser, afin d’être oubliée par mes copines. Mais Emeline vint me voir et me demanda :

    -          Tu te dépêche ? La cantine tu sais bien comment elle fonctionne, t’es en retard t’attends le prochain service, alors…

    -          J’arrive, t’inquiètes. Tu me garde une place ?

    Elle me regarda très bizarrement, puis fini par hausser les épaules et sorti de la classe. Je me retrouvais donc seule avec Monsieur Legrand. Je baissais la tête et laissais mon regard s’attarder sur des petits détails de la classe afin d’éviter le regard perçant de mon professeur.

    -          Chiara, que se passe-t-il ? Est-ce qu’il y a quelque chose que tu voudrais me dire ou que je devrais savoir ?

    -          Euh… Non, pourquoi ?

    -          Je te trouve un peu pâle, mais surtout très préoccupée. Tu sais quand on a des problèmes on ne peut pas toujours les régler seule et… On doit demander conseil autour de soi. Je suis là pour te donner des conseils si tu en as besoin, mais je ne peux pas deviner quand tu ne vas pas bien…

    -          Je… Je…

    J’aurais tellement aimé lui dire. Avoir la force, le courage de me libérer d’un tel poids, mais la honte, la culpabilité et la peur me retenaient.

    -          Je vais bien, finis-je par articuler. Oui, je vais très bien, ajoutais-je en lui lançant un sourire qui, je l’espérais, était assez convaincant.

    -          Bien, n’hésite vraiment pas si tu as besoin de quoi que ce soit, d’accord ? Allez file à la cantine !

    Souriant toujours pour ne pas l’inquiéter et pour qu’il ne change pas d’avis, je descendais à la cantine. Je croyais qu’il me serrait difficile d’y entrer vu que j’avais tardé à venir, mais Monsieur Legrand avait, comme promis, appelé la cantine pour s’excuser de m’avoir retenue et je fus accueilli avec chaleur par une grosse dame portant un tablier rose (une cantinière). On m’installa à la table d’Emeline qui m’avait gardé une place et on me rempli mon assiette de petits pois. Un garçon du nom de Benoît et qui était assis à côté de moi parlait avec son meilleur ami, Antonin :

    -          Oui ! Si je te le dis ! Mes parents sont partis et j’ai trouvé ce film dans leur lecteur DVD, alors…

    -          Ne me dis pas que tu l’as regardé ?!

    -          Ben si… C’était trop marrant ! Genre la meuf elle se frottait les seins et le mec pendant ce temps il enlevait son pantalon et sa culotte…

    -          Oh, mon Dieu !

    Je ne comprenais pas. Pourquoi tant de simagrées… Leur père ne les avait pas initiés à « l’amour » ? Pourtant je croyais que c’était partout pareil. Je voulais en avoir le cœur net et déclarais sur un ton désinvolte :

    -          Je suis quasiment certaine qu’après le mec il a… rentré son truc dans le truc de la femme. Ce n’est pas vrai ?

    -          Si, mais comment tu le sais ? On a une experte des films pornos à table !

    -          Mais non… Enfin j’en ai déjà vu mais…

    -          Ah !!! T’en as déjà vu !

    -          En fait, c’est mon beau-père qui me les fait voir et… Si je sais comment ça se passe c’est parce que… Parce qu’il me fait la même chose que dans ces films…

    -          Quoi ! Mais genre il te fait quoi ?

    Je lui racontais donc ce qui se passait et lui demandais de ne rien dire à personne et surtout pas à ses parents. Par moments, en racontant je rigolais, car ce n’est pas facile de raconter certaine chose. Quand j’eus fini, je me rendis compte que non seulement toute ma table avait écouté, mais aussi toute la cantine… Un silence de plomb s’abattit sur nous et je baissais la tête. Au bout de quelques minutes qui me parurent des heures, une cantinière vint nous voir et nous fit signe de sortir. Alors que j’avançais dans au milieu de la cantine, entre les tables, je sentis quelqu’un m’attraper par le bras et je me retournais. C’était Diane, une fille de ma classe. Elle me regarda avec dans les yeux une infinie tristesse ou douleur, je ne sais pas trop.

    -          Chiara…

    Ne pouvant rien articuler je la regardais et lui fit un petit sourire. Oui, comme d’habitude tout allait bien, il ne faut pas vous inquiéter pour moi. C’est ce que je croyais il y a quelques instants, du moins, car maintenant en voyant vos airs effarouchés, inquiets, tristes… Je me demande si ce que je vis est normal, si c’est si grave que ça… Je ne comprends plus rien. A partir de cet instant, je continue ma journée dans un brouillard des plus complets.

    Dans la cours de récréation, je m’assois sur un banc, à l’écart des autres. Soudain je sens quelqu’un me prendre dans ses bras. C’est Emeline, je ne l’avais pas vu arriver. Elle me berce tendrement en me promettant que tout va bien se passer, que je ne dois pas m’inquiéter. Bref… Des phrases que l’on dit pour rassurer, mais en sachant très bien que tout ne va pas bien se passer. Mais son soutien est précieux, c’est pourquoi je me laisse aller dans ses bras.

    Encore une sonnerie, de nouveau deux heures de cours… Et cette fois, comme tous les après-midi ce sera de l’Histoire. Monsieur Legrand adore l’Histoire, il va même nous emmener au monument des morts. Mais moi aussi j’aime l’Histoire en temps normal, car notre professeur est si passionné que l’on est subjugués par ce qu’il raconte. Et puis pour que ce soit plus ludique, il nous apprend des chansons de guerre comme la Marseillaise ou la Madelon.

    Je remonte les escaliers en suivant ma classe. Je me range dans le couloir, tout le brouhaha autour de moi est comme étouffé par le brouillard qui m’entoure. Je ne comprends, n’entends et ne vois rien. Monsieur Legrand nous fait entrer et je m’affale sur ma chaise, puis je me reprends, je ne dois pas m’asseoir avant que notre cher professeur ne me le dise. Je sens que tous les regards convergent vers moi, mais ça ne m’atteint plus.

    Les deux heures s’écoulent trop vite. Je ne sais pas de quoi notre professeur nous a parlé, je ne sais pas si j’ai attendu qu’il me dise de m’asseoir pour le faire… Le brouillard, je suis vidée, et… Fatiguée.

    Je ne vois pas passer la journée. En un clin d’œil, je me retrouve assise dans le bus, seule, silencieuse et pensive. Je vois les paysages défiler et enfin j’arrive chez moi. Je rentre et me force à sourire à ma mère pour qu’elle ne s’inquiète pas. Elle me sert mon goûter, on s’attaque aux devoirs, puis je vais dans ma chambre. Que faire ? A cette question, il n’existe qu’une réponse. Je me tourne vers ma bibliothèque. Que des livres que j’ai déjà lus, dans ce cas… Je file dans le couloir et m’arrête devant la bibliothèque de ma mère… Mes yeux s’arrêtent sur un livre à la couverture orange chatoyant : Le plus beau des mensonges de Belva Plain. C’est mieux que rien. Je retourne dans ma chambre et commence à lire. Aussitôt, comme par magie, le rideau de brouillard qui s’était abattu sur moi se dissipe et je suis happée par le récit.

    Vient l’heure du bain. Pour gagner du temps, vu que nous sommes nombreux, ma mère a pris l’habitude de nous laver ensemble (environ trois dans la douche). Une chose me frappe alors. Sous prétexte de sécher mes frères mon beau-père se trouve dans la salle de bain alors que je me lave. Est-ce bien normal ? Après tout, pensais-je, c’est vraiment rien comparé à ce qu’il me fait.

    Une fois que nous sommes lavés, nous pouvons jouer encore un peu. Je retrouve donc mon livre. Au bout d’une demi-heure, ma mère nous appelle pour qu’on aille à table. Je fais comme si de rien était. Mon beau-père lance une vanne, je donne le change et me marre. Il m’arrive même de rire de bon cœur à ses imbécilités. Puis c’est l’heure du dodo, brossage des dents, un petit tour aux toilettes et on se retrouve sous la couette.

    Ma mère éteint la lumière après nous avoir embrassés. Dans la pénombre je ne dors jamais bien. J’attends encore un peu et ça y est, ma mère et mon beau-père descendent dans le salon. Ni une ni deux, j’allume ma DS et la place sur ma poitrine. Je tâtonne un peu partout dans mon lit et fini par trouver ce que je cherche : mon livre. Je lis à n’en plus finir. Quand l’horloge de ma console indique minuit, je décide qu’il est temps de l’éteindre et de dormir.

    Soudain, toute la pression de cette journée redescend et je  prends enfin conscience du mal que m’a fait mon beau-père et de l’anormalité de la situation. Les larmes coulent toutes seules sur mes joues sans que je ne puisse les retenir et se transforme assez vite en sanglots. Je supplie alors le ciel de me venir en aide, je le supplie et le supplie encore et encore. Comme chaque soir. Puis la fatigue me rattrape et je fini par m’endormir, le visage trempé de larmes, les cheveux ébouriffés et la tête en compote. Mais je suis sûre d’une chose : il ne viendra pas ce soir.

     

    Chiara Gialini


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